Pour comprendre la Corse aujourd'hui, il est important de comprendre qui elle était avant. Un peu comme un être humain, la Corse s'est forgée une identité et un caractère en grandissant. A force d'invasions, plus ou moins longues, en raison notamment de sa position stratégique en plein cœur de la Méditerranée; la Corse s'est construit une identité forte et rebelle. Découvrez pourquoi.
La préhistoire en Corse
Considérées un temps comme les premiers indices de présence humaine en Corse, les bois de cervidés retrouvés à l'est du cap corse, seraient probablement d'origine naturelle. Une occupation paléolithique de la Corse n'est pas à exclure compte-tenu de l'existence de restes humains vieux d'environ 20 000 ans sur la Sardaigne qui lui était alors reliée.
Certains préhistoriens admettent que les populations paléolithiques s'implantaient de préférence dans les régions côtières, plus accessibles et exploitables. Il est donc fort probable que des vestiges archéologiques de cette cette époque en Corse aient été submergés à la fin de la dernière glaciation : Ces restes reposeraient désormais à faible profondeur, au large de la plaine orientale ou dans les bouches de Bonifacio.
Les premiers habitants de l'île de beauté remonteraient à la préhistoire, et plus particulièrement à l'ère du néolithique. Les plus anciennes traces d'occupation humaine datent du 9ème millénaire avant l'ère chrétienne notamment sur le site dit A Teppa di U Lupinu à Santo Pietro di Tenda (Haute Corse) et à Torre d'Aquila dans le Cap. La présence de plusieurs groupes humains est attestée aux 8ème et 9ème millénaires, au nord comme au sud de l'île. Ces populations nomades de chasseurs-cueilleurs se nourrissaient entre autres du lapin-rat, pratiquaient également la pêche et le ramassage de coquillages. Des ossements humains retrouvé dans le sud de la Core et appelés désormais "la Dame de Bonifacio" dateraient de 6750 avant JC.
À partir de -5000 le peuplement de l’île s’intensifie avec l’arrivée de migrants vraisemblablement Ligures venus par cabotage depuis l’archipel toscan. Dès le VIe millénaire, ces nouveaux groupes néolithiques apportent avec eux les céréales et des animaux domestiques (le chien, les ovins, les caprins et les porcins), et de nouvelles pratiques agricoles. De nombreux échanges existent entre Corse et Sardaigne. Ils concernent l'approvisionnement des Néolithiques corses en obsidienne et silex sardes, roches utilisées pour confectionner de nombreux outils. À la fin du IVe millénaire, une métallurgie du cuivre local apparaît sur le site de Terrina. On peut dire qu'à cette époque existe une véritable société insulaire organisée en villages ayant entre eux un réseau d'échanges et où l'île entretient des rapports commerciaux constants avec ses voisins.
Les vestiges laissés par la Préhistoire font de la corse l'un des endroits privilégiés de l'Europe pour l'étude de cette période, et l'île représente aussi la plus grande concentration de statues-menhirs et menhirs de toute la Méditerranée. À noter aussi la présence d'une peinture rupestre sur la commune d'Olmeta, la grotta scritta, datant d'environ 2000 ans av. J.-C.
Érigées entre -1500 et -800, les guerriers de pierre portant épées courtes, ceintures ou baudriers ont été retrouvées en divers endroits de l’île. Ces statues semblent monter la garde dans l’attente d’éventuels envahisseurs, comme pour en conjurer la venue.
L'antiquité en Corse
Les Phéniciens : C'est sans doute aux phéniciens que la Corse doit son nom de Korsai (couvert de forêts). Ils propagent dans leur sillage l'agriculture : la vigne et le vin, l'olivier et l'huile, le blé et le pain ; leur organisation de la cité et l'écriture. Ils exploitent et commercent dans le monde antique les mines de cuivre, de plomb, d'étain, d'argent et de fer.
Les Etrusques : Ce sont eux qui entreprennent réellement l'exploitation de la Corse. Ils se sont en effet tacitement partagé la domination de la Méditerranée occidentale avec les Carthaginois pour en contrôler le commerce.
Les Grecs : La Corse fut d'abord envahie par les Phocéens. Ces derniers fondèrent Alalia, en Haute-Corse (aujourd'hui Aléria); puis, lassés, ils quittèrent l'île en 575 avant JC pour fonder Massilia (Marseille). Les Grecs apporten l’écriture puis la monnaie , ils cultivent la vigne et l'olivier, utilisent les amphores pour le transport de l'huile, du vin et du blé.La Corse sera baptisée successivement : Kallisté (la belle) puis Tyros et Cyrnos en référence au fils d'Hercule qui aurait choisi l'île pour patrie. Beaucoup de commerces portent aujourd'hui ces noms.
Les romains : Les corses ne restèrent pas longtemps seuls. C'est en effet, en 259 avant JC qu’eut lieu la première invasion en provenance de l'Italie, par les Romains. L'occupation romaine, marquée par les pillages et destructions de campagnes, fut très mal vécue par les corses qui commencèrent à se révolter.
Vers l'an 100 avant J.C. la citée d'Alalia est reconstruite et s'appelle désormais Aléria, elle devient une grande capitale économique avec ses forums, ses thermes et une importante base navale. Le christianisme se répand dans toute l'île, une première basilique est édifiée à Mariana au IVe siècle. Le latin devient la langue du pays parlée dans toute l'île. Les romains resteront 700 ans.
Le Moyen-Âge
Alors que la Corse était entrée dans l'ère chrétienne, et avait fondé ses sièges épiscopaux (Ajaccio, Aléria, Mariana, Nebbio et Sagone), les invasions barbares vinrent marquer le Moyen-Âge (5 siècle après JC). Vandales et Ostrogoths s'attaquent aux évêchés corses, s'emparent des routes et du littoral, conduisant les corses à se réfugier à l'intérieur des terres. Ce n'est qu'en 1077 que cette période d'hostilité prit fin, suite à une décision du Pape Grégoire VII, qui décida de confier l'administration de la Corse à Pise
Le temps des Génois
Gênes partage l’île en dix provinces, elles-mêmes divisées en pièves Ils construisent des ponts, des routes, développent les vergers, importent de Corse vins, huile d'olive, bois, huîtres, poix, mais imposent lourdement la Corse et s’assurent la quasi-exclusivité du commerce avec l’île.
La Guerre d'Indépendance
Les années 1700 marquèrent les plus importants combats des corses vers l'indépendance. Des figures emblématiques de la résistance corse s'élevèrent, dont notamment
Pascal Paoli, proclamé en 1755 général en chef de la nation corse; en charge de mener l'île vers l'indépendance : ce qu'il fit. Il rédigea une première constitution inspirée de l'Esprit des Lumières, qui fit de la Corse, la première région au monde à bénéficier d'un état démocratique moderne et à donner le droit de vote aux femmes (avant la Guerre d'Indépendance américaine et la Révolution Française)! Peu de monde connaît cette partie de l'histoire de la Corse, pourtant si importante aux yeux des insulaires !
Fin XVIIIème siècle
En 1768, la Corse est cédée à la France par les génois affaiblis et dépossédés de leur souveraineté par les insurgés. Les corses décidèrent alors de résister contre les français. Deux batailles marquèrent l'histoire: Borgo en 1768 qui donna la victoire aux corses, puis Ponte Novu en 1769 où l'armée de Pascal Paoli fut cette fois-ci écrasée. La fin de l'indépendance de la Corse sonna, et Pascal Paoli s'exila à Londres; où il tissera des liens forts avec le royaume Anglo-Saxons. Grâce à ce partenariat, il arrive à combattre à nouveau les français en 1794, et crée un très provisoire royaume anglo-corse, où l'île de beauté indépendante, est rattachée à l'Angleterre.
Les instabilités de l'époque eurent raison de ce nouveau royaume; qui disparu en 1796 lorsque les Anglais furent chassés par les français aidés du tout jeune Général Bonaparte, né à Ajaccio.
De la modernité à aujourd'hui
Les guerres de 14-18 puis 39-45 menèrent à un fort appauvrissement de la population insulaire. En effet, les produits exportés de Corse étaient très fortement taxés, rendant quasi impossible une compétitivité de l'île. Les corses furent souvent obligés de s’exiler afin de fuir la misère. Cette souffrance conduit à de nouvelles résistances, permettant finalement à la Corse d'être le premier département français à être libéré en 1943.
Après quelques années peu glorieuses pour l'économie de l'île, les années 70 furent, quant à elles, marquées par une résistance face à la bétonisation du littoral et pour la protection de l'environnement. Cette résistance pris progressivement la forme de mouvements clandestins. Au fil des années et des revendications clandestines, l'Etat français prendra finalement en compte les spécificités et les demandes de la Corse; lui octroyant en 1991 le statut de Collectivité Territoriale.
Comments